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Ali & Toumani – Samba Geladio

Samba Geladio est un extrait de l’album posthume d’Ali Farka Touré avec Toumani Diabaté.

Ce morceau est basé sur l’histoire, ou épopée peule, racontée par les griots du Fouta Toro, du Prince Samba Gueladio Diegui qui dut lutter contre son oncle et ses fils à la mort de son père, pour cause de partage du royaume…

Après avoir enregistré un premier album en duo (In the heart of the Moon), Toumani Diabaté et Ali Farka Touré étaient retournés en studio quelques mois après, pour une nouvelle session d’enregistrement à Londres. L’album correspondant sortait en 2010.


L’épopée de Samba Guéladio Diégui est la plus connue des épopées peules. Victime de l’usurpation du pouvoir par son oncle, le récit magnifie ce prince peul qui mena une longue guerre de succession pour le royaume des Déniankobé au XVIIIème. Lire la suite.

Il est en particulier évoqué par Blaise Cendrars dans son “Anthologie Nègre” parue en 1921.

Voici l’histoire de Samba Guélâdio Diêgui, prince peuhl du
Fouta.

Samba Guélâdio Diêgui était fils de Guélâdio, roi du Fouta.
Comme Samba arrivait à l’adolescence, son père mourut. Le
frère du roi défunt, Konkobo Moussa, prit le commandement du pays. Konkobo avait huit garçons. Quand ils furent devenus grands il annonça qu’il allait leur partager le Fouta et, en effet, chacun d’eux en reçut sa part.

Samba était resté avec sa mère, son griot nommé Sévi Malallaya et un captif qui s’appelait Doungourou.

Le griot Sévi vint trouver Samba. Il pleurait : — Pourquoi
pleures-tu? lui demanda Samba. — Voici pourquoi, répondit le griot, ton père Konko a partagé le Fouta entre ses garçons. Et comme ton père n’est plus là, Konkobo n’a pas gardé de part pour toi.

Samba s’est levé aussitôt. Il est allé trouver son oncle et lui a
dit : — Eh bien, mon papa, où donc est ma part?

— Je vais te donner quelque chose à toi aussi, a répondu
Konkobo. Le premier cheval que tu rencontreras dans le Fouta, prends-le : il est à toi.

Samba s’en est retourné. Il est allé à son griot et lui a dit :
— Mon papa m’a donné ma part à moi aussi ! — Et que t’a-t-il
donné? — Il m’a donné la permission de prendre le premier
bon cheval que je rencontrerais.

Et le griot : — Mais ce n’est rien ce qu’il te donne ! Il agit bien
mal envers toi !

Samba est revenu trouver son oncle Konkobo : — Mon papa,
lui dit-il, je n’ai pas besoin de ton cadeau. Ce n’est pas cela qu’il me faut. Donne-moi ce qui me revient ; je ne te demande pas autre chose.

— J’ai vu, répond Konkobo, un taureau superbe dans le Fouta. J’y ai vu aussi une femme jolie. Prends l’un et l’autre. Je te les donne.

Samba est encore allé à Sévi, le griot : — Eh bien ! lui a-t-il dit, mon papa m’a donné une jolie femme du Fouta et un bœuf. Tout cela, je puis le prendre s’il me plaît de le faire.

— Ça ne vaut rien a répondu le griot ; c’est comme ce qu’il
t’avcait donné auparavant. Si tu rencontres une jolie femme qui soit mariée et que tu la prennes son mari te tuera. Tu n’es qu’un enfant et tu ne connais rien.

Samba est revenu une fois encore. — Eh bien ! mon papa, a-t-
il dit, je n’ai pas besoin de ce que tu m’offres. C’est ma part du
Fouta que je veux !

— S’il te la faut, répond Konko, arrange-toi pour la prendre.
Sinon, tant pis pour toi.

Samba s’en est allé. Il selle sa jument Oumoullâtôma. Il s est
mis en route avec son griot Sévi Malallaya, son captif Doungourou, sa mère et des captifs destinés à sa femme. A ce moment il n’était pas encore marié. Il a dit : — Maintenant je m’en vais du Fouta. […]

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