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Old African Music

Indépendances…

A peine l’Afrique avait-elle fini de fêter “sa” coupe du monde en 2010, qu’une bonne partie des états du continent se lançait dans la commémoration des indépendances, pour un cinquantenaire parfois en demi-teinte.

Ce billet est une reprise d’une de mes publications de 2010 sur KoToNTeeJ.

Bien entendu ici, le sujet n’est pas de traiter de ces festivités, ni de leurs implications politiques ou économiques, mais bien entendu d’analyser ce qui s’est passé sous l’angle discographique à cette occasion.

En effet, nombre de labels se sont engouffrés allègrement dans le thème (vendeur) “50 ans de musiques africaines indépendantes”.

Pour cette commémoration, j’avais dénombré 3 coffrets différents, distribués en France :

  • la compilation Free Africa, en 4 CDs, sortie en mai,
  • la compilation Afriques Indépendantes, en 5 CDs, sortie aussi en mai,
  • et enfin, la méga-box 50 years of Independance de 18 CDs

J’avais reçu à l’époque la 1ère de ces 3 offres, les CDs seuls, que j’ai donc pu écouter tranquillement pour mon défunt blog KoToNTeeJ.

Bien évidemment le but est noble : réussir à rappeler, même furtivement, ce qu’a été cet événement pour de nombreux pays, ce qu’il y avait avant, et ce qu’il est advenu ensuite, l’hommage aux pays concernés étant rendu à travers la/les musique(s).

Mais quand dans les communiqués de presse on lit “50 titres essentiels et indispensables“, “la richesse du patrimoine musical du continent noir“, “les plus grands classiques des créations du continent Africain“, “A l’occasion des célébrations du 50ème anniversaire des Indépendances, retrouvez en 60 titres incontournables la bande son afro-pop rêvée, de 1960 à nos jours !“, puis “autant d’artistes, d’orchestres, dont la légende est intimement liée à l’histoire des indépendances” ou “une anthologie des plus grands noms de la musique africaine, la véritable bande originale de l’histoire d’une indépendance“, j’avoue commencer à me poser des questions…

N’est-on pas tout simplement en train de me “sur-vendre” une Nième compilation de musique(s) africaine(s)… avec l’alibi des indépendances pour seule justification ?
Ah, c’est beau le marketing pour assurer du revenu aux éditeurs…

Car, s’il est évident que l’émergence des artistes que l’on connait aujourd’hui, lorsque l’on est amateur de musique africaine, survient après les indépendances, la question fondamentale que je suis en droit de me poser est : quel est le lien réel de cause à effet pour chacun des titres ou artistes choisis ?

Je ne nie pas que les puissances coloniales aient pu avoir un impact très négatif sur l’expression musicale traditionnelle, et que leur “départ” a certainement permis l’explosion d’une nouvelle musique populaire dans chacun des pays concernés.

Mais, j’ai l’impression qu’on essaye de me faire avaler “50 années de musique” en me disant qu’elles n’auraient comme unique origine que l’indépendance… alors que, pour la plupart, ces musiques ont simplement accompagné 50 années d’évolution du continent africain. Globalement, on tente de me coller des anthologies qui ratissent large sous un emballage alléchant. Ou alors, on s’adresse à des néophytes…
Mais bon, je peux me tromper…

Afriques Indépendantes

Indépendances en musique

Donc, je commence à éplucher la liste des artistes et des titres respectifs… Peut-être vais-je découvrir des trésors de musique militante aux textes engagés, prenant appui sur des rythmes tradi-modernes et enracinés dans les luttes des années 60…

A première vue, puisque je ne l’ai pas écoutée, la compilation qui me semble la plus “cadrée” est “Afriques Indépendantes” avec beaucoup de musiques Congolaise et Guinéenne.

Mais très franchement, quand on intègre dans une autre, le Pata Pata de Miriam Makeba et le Soul Makossa de Manu Dibango, l’auditeur est tout de même en droit d’être interloqué…

De même quand on trouve, au hasard, Ba Cissoko ou Magic System avec 1er Gaou, Victor Démé ou Mory Kanté avec Yéké Yéké ou Francis Bebey avec “Condition Masculine”.

J’adore tous ces titres et les artistes correspondants sont dans ma discothèque ! Mais que l’on me justifie leur présence dans le contexte précis de 50 ans d’indépendance.

Et sur les 3 offres, seulement 2 contiennent “Indépendance Cha Cha” du Grand Kalle avec l’African Jazz…

En conclusion, pour tous ceux qui ont déjà une large discographie africaine, vous ne trouverez pas forcément votre bonheur ici. Pour tous les autres, selon vos moyens, vous complèterez certainement votre collection.

Car, selon moi, ces coffrets représentent juste 50 ans de musique populaire Africaine.
Et c’est déjà très bien comme ça !!!

Indépendance Cha Cha

En savoir plus…

Table Ronde

Voir aussi : Baloji, rappeur Congolais, reprend “Independance Cha Cha” pour son morceau “Le Jour d’Après / Siku Ya Baadaye“.

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